Le romancier

Baptisé « le breton » par les truands (il vient de la maison d’éducation surveillée de Belle-Isle), il fait de ce surnom son pseudonyme d’écrivain. Quand il commence à écrire, en 1947, il possède déjà une grande banque de données : les expériences de son vécu, la transmission orale reçue des gens des rues, des voyous, des hommes de la nuit… il puise dedans. Il témoigne.
Il écrit avec fièvre, parce qu’il a plus d’idées en tête qu’un roman ne peut contenir.
« … Comment j’écris ? Je prends du papier et un stylo et j’attaque. Comme j’ai le sens du découpage, comme j’écris visuel… J’aime mes personnages. J’aime ce que je fais. »

Son langage

Dans ses premiers romans noirs, figure un glossaire Argot-Français. Dans ses écrits, il introduit :

  L’ARGOT MODERNE

« L’argot, la plus vivante des langues… on ne l’apprend pas à l’école mais dans la rue. » Pierre Lazareff (1907-1972) – Éditeur de journaux.

« Ce que Peter Cheney appelait la langue du Roi (celle de Shakespeare). Et que Montaigne estimait être la meilleure école de chez nous. » Jean Cocteau (1889-1963) – Poète.

« Argot Langue Verte ? Pas du tout ! Langue tout court. » Jean Gabin (1904-1976) – Acteur.

  LE VERLAN

Procédé consistant à intervertir les syllabes d’un mot : verlen pour l’envers. Pratique qu’il utilise enfant comme une distraction, un jeu. Le jeu d’un enfant enfermé dans un orphelinat de guerre. Puis comme langage de connivence avec ses équipiers sur les Fortifs. Et ensuite comme langage de protection (et toujours de connivence) avec ses amis sous l’occupation allemande de la France.

« Qu’est-ce qu’ils viennent tréfou les draupers à cette heure-ci ? Pourvu qu’ils fassent pas une fleura. Ça serait le quetbou ; j’ai pas encore gnéga une nethu. »

Traduction : « Qu’est-ce qu’ils viennent foutre les perdreaux à cette heure ci ? Pourvu qu’ils fassent pas une rafle. Ça serait le bouquet ; j’ai pas encore gagné une thune. »

  LE MOT RIFIFI

Ce mot, issu de son vocabulaire argotique et personnel, entrera dans les dictionnaires de la langue française.

Rififi : scandale – Rixe violente, parfois meurtrière. Mot intraduisible, présent dans son premier livre écrit ,les Hauts murs : « De quoi ? grinça le Rouquin. On fait du Rififi… »

Auguste le Breton avec Sven Nielsen, son éditeur, fondateur des Presses de la Cité.

Ses genres littéraires

  DES ROMANS TÉMOIGNAGES

DES CONDITIONS SOCIALES

  • Des orphelins de guerre dans les années 20 : « Les Hauts Murs » (54)
  • Des sans-abris à Paris en 1928 : « La loi des Rues » (55)
  • Des travailleurs en milieu rural, interdits de séjour : « Les tricards » (58). La vie d’une exploitation de battage de blé, qui est aussi une exploitation d’hommes, les tricards, ceux qu’une loi empêche de rentrer chez eux. De relever la tête. De se reclasser. D’oublier un jour qu’ils ont commis une faute.

« Traqués, épluchés sans relâche par une maréchaussée tatillonne, méprisés et haïs de tous, ils erraient de ferme en ferme, de battage en battage jusqu’à leur prochain séjour en prison. »

  • Des gangs d’adolescents autour de Paris dans les années 30 : « Malfrats and Co » (71). Une jeunesse rejetée sur elle-même par le hasard ou les malfaçons, qui finit par peser des tonnes de misère, de promiscuité, de révolte, de violence, de dégoûts, de rapines, de vols, de cris de rage et de haine, d’éclat de gueule et de rire.
  • Fortifs (82) :

« Seulement à même pas 20 ans que peut-on devenir. L’horizon est bouché, le chômage est roi, l’injustice quotidienne. Les lieux où l’on a parqué votre faim de vivre, bétonnés d’indifférence et d’incompréhension. On se réunit, se regroupe pour former des clans, des bandes, des tierces, des gangs. »

  • DES US ET COUTUMES ET ACTIONS
    DU « MILIEU » EN FRANCE
  • Les Pégriots (73) : l’Histoire de la Grande Truanderie Française de 1880 à 1945, à travers les souvenirs de Georges Hainnaux, baptisé Jo la Terreur par Georges Simenon.

« L’encre de Maupassant, la couleur de Toulouse Lautrec, le parfum de la Goulue, cette flamme mortelle dans les yeux de Jo la Terreur. C’est tout cela, Les Pégriots. Avec posé sur eux, l’acier tendre du regard d’Auguste le Breton, rongé à jamais par la nostalgie de l’enfance qu’il n’a pas eu. Lui qui aura été condamné à ne connaître, et tout de suite, que la vie… une vie qu’il lui faut imaginer aujourd’hui plus belle peut-être qu’elle ne fût, car sans cela se serait trop moche… et injuste… mais la justice… le résultat est remarquable. »

François Chalais 1919-1996 grand reporter -chroniqueur du Cinéma

  • 2 sous d’Amour (86) :

« Hermétiquement clos avant-guerre, au point que les casseurs et les souteneurs ne fréquentaient pas les les mêmes bistrots, le « Milieu » avec l’occupation allemande, va se laisser infiltrer, gangréner. Et ouvrir ses rangs au tout venant. Provenant de tout bord, de toutes conductions, des trafiquants s’y installeront, non formés par les règles sévères qui jadis règlementaient les rôdeurs de barrière, les apaches des Fortifs. Ils apporteront avec eux leur total manque de scrupules… ne connaîtront qu’une loi : l’argent, même au prix de la délation. » 

DE LA VIE D’HOMMES ET DE FEMMES D’AVENTURE, EN SUD-AMÉRIQUE

• Les Bourlingueurs (72) : sur la route, il trouve des aventuriers qui lui content leurs expériences vécues dans la première moitié du 20ème siècle, en Sud-Amérique.

Interview de son ami grand reporter Yves Courrière

• Aventures sous les tropiques (77) : suite des Bourlingueurs. Aux récits d’autres aventuriers qu’il rencontre, il ajoute des lieux qu’il découvre, comme les « Centres Spirites » au Brésil…

Paraguay - Dans le Petit Chaco avec le Peuple maka

  DES ROMANS NOIRS

  • Du Rififi chez les Hommes (53)
  • Razzia sur la Chnouf (54)
  • Le Rouge est Mis (54)
  • Du Rififi chez les Femmes (57)
  • Priez pour nous (61)
  • Les Racketters (63)
    publié parfois sous le titre Du Rififi à Hambourg
  • Les Maq’s (68)
  • Le Bedeau (95)

  DES ROMANS POLICIERS

  •  Rafles sur la ville (57)

A la création de la Section de Recherche et d’Investigation en France, en 1964, il a l’idée d’écrire des romans inspirés de cette Brigade :

  • Brigade Anti-Gangs (64)
  • Le Clan des Siciliens (67)
  • Le Tueur à la Lune (71)

Dans ses trois romans, les héros sont le Commissaire Le Goff et ses équipiers.

  DES SÉRIES : ROMANS POLICIERS-AVENTURES

  • SÉRIE « RIFIFI » – Spécial Agent Mike Coppolano (de 1962 à 1969)
    100 % ACTION – EMOTION -PASSION-EVASION.

Dans chaque histoire, une ambiance, des détails qui font que les scènes décrites son terriblement visuelles. Ses héros, Mike Coppolano et ses équipiers, entrainent le lecteur dans des univers insolites et dépaysants.

Séance de dédicaces à Beyrouth "Du Rififi au Proche-Orient"
  • SERIE BONTEMPS (1977-1986)

En 1976, il reprend ses romans sur les Anti-Gangs. Le Héros devient Paul Bontemps. Les actions se situent à Paris, en Province, à l’étranger : prises d’otages, braquages simultanés, trafique de travailleurs clandestins, terrorisme, enlèvements de policiers, gangs de femmes…

    • Collection l’AS Anti-Gangs (77 à 78) – 8 romans
    • Collection Bontemps Brigade Anti-Gangs (79 à 85) – 26 romans

IL COMPLÈTE SON ŒUVRE PAR

UN DICTIONNAIRE ARGOT-FRANÇAIS

  • « Langue Verte et Noirs Desseins » (60) illustré par Piem.

A chaque lettre de l’alphabet, une personnalité de l’époque donne sa définition de l’Argot. Un lexique Français-Argot le complète. Pour expliquer la définition des mots, l’auteur utilise des exemples : courtes phrases types, qui sont comme de petits sketches drôles et drus.

Il le réactualise en 1975 : « L’Argot chez les Vrais de Vrais ».

Et en 1987 : « Argottez, Argottez » illustré par Piem.

« À chaque mot, à chaque locution, à chaque expression imagée, c’est pour moi un visage qui jaillit. Hélas ! Bien souvent du tragique, mais aussi et heureusement encore plus souvent un éclat de gaieté. »

UN PUR ROMAN D’AVENTURES

  • « Rouges étaient les Emeraudes » (74)

UN RECUEIL DE POÈMES
ÉCRITS AU FIL DU TEMPS

  • « Du vent… » (68), qu’il complète en 1998 : « Du vent… et autres poèmes ».

UNE PIÈCE DE THÉÂTRE EN TROIS ACTES

  • « Ces dames contestent »

La vie d’un bordel de province, 48 heures après la fermeture exigée par la loi Marthe Richard (jamais publié).

UN RECUEIL DE SOUVENIRS
TENDRES ET FÉROCES

  • « Monsieur Rififi » (76)

UN ESSAI HUMORISTIQUE EN ARGOT

  • « Du Rebecca chez les Aristos » (91)

UN HOMMAGE À SES MÉDECINS

  • « Monsieur Crabe » (95)

UNE BIOGRAPHIE SUR ÉDITH PIAF

  • « La Môme Piaf » (8O)

Une biographie sur la chanteuse Edith Piaf, d’après les souvenirs de son amie Ginou Richer.

SES MÉMOIRES

  • « Ils ont dansé le Rififi » (91)

« Des centaines et des centaines de personnages femmes et hommes ont enrichi par leur amitié, leur amour, leur dévouement ou leur haine, mon existence pas mal mouvementée. J’ai essaimé, même effleuré certains d’entre eux dans d’autres livres sans leur donner leur dimension… 
Dans toute vie, il y a des zones d’ombre, j’en éclaire quelques unes. »