Le scénariste
De 1953 à 1958, ses romans à peine publié, sont portés à l’écran. Il entre dans un nouvel univers peuplé de techniciens, d’acteurs : le cinéma. Pour lui, adapter n’est pas un problème car ses romans contiennent une partie des ingrédients nécessaire à un film : une histoire construite, des personnages campés, des détails qui font l’ambiance.
1955, sortie du premier film tiré de ses romans :
"Du Rififi chez les Hommes"
Son premier travail pour le cinéma : adaptation avec Jules Dassin de son roman « Du Rififi chez les Hommes« , dont il signe les dialogues en 1955.
Bande-annonce « DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES » – 1955
Avec l’aimable autorisation de Gaumont
La même année, il est coadaptateur, dialoguiste
et acteur dans "Razzia sur la Chnouf"
Bande-annonce « RAZZIA SUR LA CHNOUF » – 1955
Avec l’aimable autorisation de Gaumont.
Il participe à l’adaptation de son roman « Razzia sur la Chnouf » avec le metteur en scène Henri Decoin et son équipe. Il en signe les dialogues et fait une brève apparition à l’image. Mais être acteur n’est pas son propos : il ne supporterait pas d’être dirigé.
Jean-Pierre Melville / Auguste le Breton
1955 : Rencontre de deux créateurs d’ambiances
« Nous nous étions connus à la sortie de mon bouquin « Du Rififi chez les hommes ». Jean-Pierre m’avait déniché au Café de la Poste, rue Damrémont. Il voulait porter le livre à l’écran. Yves Ciampi aussi. Un soir, à notre deuxième rencontre, je lui présentai mes amis. Puis comme nous avions à parler du film, il m’emmena casser la croûte.
Avec Melville, je découvrais un monde inconnu de moi et un cinglé du cinéma. Un vrai mordu. Un connaisseur. Mais ce fut Jules Dassin, pressenti par Henri Bérard, le producteur, qui enleva l’affaire. Nous devions nous retrouver avec Melville, sur « Bob le Flambeur ». Il me voulait comme scénariste. Il m’obtint.
Melville me plaisait. Il adorait son art et savait séduire. J’avais vu « le Silence de la Mer », que je tiens aujourd’hui encore pour un de ses meilleurs films. Jean-Pierre m’apporta un scénario de François Chalais, qui traitait d’une idée sur le jeu. J’en retins l’idée de base, vu que Jean-Pierre rêvait de montrer l’existence d’un joueur.
J’écrivis donc l’histoire d’un truand mordu, dévoré par la flambe. Je campais Bob le Flambeur, façonnais mon héros. Jean-Pierre Melville venait me voir en compagnie de Flo, sa femme, sa complice fidèle. Nous discutions de mon boulot, rectifions une réplique, la dimension d’un personnage.
L’adaptation – dialoguée terminée, on se mit au découpage. Où ça, dans un bureau ? Non. À l’aube, assis à une terrasse de Blanche ou de Pigalle. De surcroit avec des ciseaux et de la colle. Jamais aucun metteur en scène ne m’a donné autant et avec raison, la signification du mot découpage.
On discutait ferme. On se heurtait parfois, ce qui prouvait notre sincérité. Mais on se retrouvait sur l’essentiel, l’amour du boulot bien fait.
Nous avions la même optique : la force d’un film est d’abord sur le papier. Si elle n’y est pas, on ne la retrouve pas sur la pellicule.
Bande-annonce « BOB LE FLAMBEUR »
© 1956 – Studio Canal.
Avec l’aimable autorisation de Studio Canal.
Et nous pensions aussi : le plus connu et fantastique des acteurs, ne sauve pas un mauvais sujet.
Melville en était à ses débuts. Pas encore de lunettes noires ni de feutre texan qu’il devait populariser par la suite. Le devis de Bob le Flambeur était très limité.
Peut-être fûmes-nous, lui et moi, la nouvelle vague avant la lettre ainsi que quelqu’un l’avait dit. Pour vedette il alla repêcher un oublié, un nom d’avant-guerre : Roger Duchesne. Il s’entoura de comédiens encore moins en vue. Puis dans les Studios du 25 rue Jenner non encore achevés ,il lança de sa voix nette et précieuse : « Moteur ».
Il possédait un style bien à lui. C’était un metteur en scène sans cris, sans débraillé, courtois, respectant les autres et tenant à l’être. Avec un œil qui voyait juste. Un dingue de la pellicule. Un vrai. »
Auguste le Breton
1956 : une collaboration houleuse pour
l'adaptation de son roman "La Loi des Rues"
En 1956, pendant l’adaptation de « La Loi des Rues » avec Ralph Habib, le travail devenant « à la limite du possible », il quitte le film. Le producteur Robert Dorfman, le rappelle pour redresser le scénario. Dans ce film Jean-louis Trintignant joue son premier rôle. Louis de Funes fait une apparition réussie.
1957 : adaptation du roman
"Le Rouge est mis" avec Gilles Grangier...
Il est prêt à adapter son livre « Le Rouge est mis » avec le réalisateur Gilles Grangier, mais l’acteur Jean Gabin impose Michel Audiard au producteur. Il fait avec. Il co-adapte et écrit l’adaptation -dialoguée.
Il commence à comprendre que le monde du Cinéma est un univers compliqué.
Bande-annonce « LE ROUGE EST MIS » – 1957
Avec l’aimable autorisation de Gaumont.
1958 : adaptation de "Rafles sur la ville"
Pierre Chenal et Jean Levy adaptent son roman « Rafles sur la ville« .
Michel Legrand compose la musique du film.
1958 : projet collaboratif du scénario "les Fauves"
Robert Dorfman lui présente Marcel Carné pour un projet de scénario dont l’histoire se passe en Italie. Accompagnés de René Wheeler, ils écrivent en trois mois « Les Fauves ». Ils reviennent en France. Dorfman a des ennuis avec les co-producteurs.
Le Breton écrit les dialogues. Carné réécrit son découpage. Le scénario vagabonde dans les tiroirs et le film restera dans les espérances.
Auguste le Breton avec
Marcel Carné et Roland Lesaffre
1959 : coadaptation de son roman "Du Rififi chez les Femmes"
Il coadapte « Du Rififi chez les Femmes » avec Alex Joffé et en signe les dialogues.
Auguste le Breton avec
Alex Joffé et Robert Hossein
Jacques Becker / Auguste le Breton
1959 Naissance d'une amitié inspirante
« Jacques Becker préparait le scénario du « trou » au pavillon Henri IV à S-Germain en Laye. Nous étions donc voisin. J’avais achevé « Langue verte et Noirs Desseins », mon dictionnaire d’argot, et j’envisageais avant chaque lettre de l’alphabet , d’y mettre l’avis d’une célébrité. Pour la lettre B, j’avais choisi Jacques.
Par un matin d’été, il se pointa à la porte du jardin. J’ouvris sur sa carcasse modeste, élégante, chaleureuse. Jacques et moi, ça a collé de suite. Avec lui c’était difficile de se braquer, il était toute courtoisie, tout savoir vivre. Il adorait le cinéma qu’il faisait.
C’était un méticuleux, un minutieux, Je m ‘en apercevais, quand il me montrait son scénario. S’il l’épluchait, le disséquait, le raturait. Jamais satisfait, mécontent de la construction, des répliques, de la dimension des héros. Un scrupuleux. Pour l’art. Pour son public. Pour le bénéfice du Cinéma Français. Nous avions convenus de travailler ensemble. Hélas, nos projets à Jacques et à moi, devaient sombrer avec sa disparition. »
« Vois-tu, je t’envies. Tu as vécu un folklore qui ne reviendra plus et qui quoique parfois sordide, offrait une certaine beauté, une certaine noblesse. » (Jacques Becker 1906 -1960).
« Longtemps après, quand je recommencerai à me souvenir, j’écrirai « Fortifs » en pensant à lui. »
1963 : adaptation de son roman "Du Rififi à Tokyo"
Bande-annonce « DU RIFIFI À TOKYO » – 1963
Avec l’aimable autorisation de Gaumont.
En 1963, bien qu’il soit de plus en plus absorbé par son exploration des bas-fonds, il commence avec Jacques Deray, l’adaptation de son scénario original « Du Rififi à Tokyo ». Étant appelé ailleurs, José Giovanni le remplace. Il fait cependant le remaniement final.
1966 : coadaptation et dialogues du
désormais célèbre "Brigades Anti-Gangs"
Auguste le Breton et Robert Hossein
En 66, en co-adaptant « Brigade Anti-gangs » avec Bernard Borderie, il rencontre les jeunes acteurs de l’époque, dont Pierre Clémenti.
Auguste le Breton et Pierre Clementi
La même année, sortie du "Rififi à Paname"
Toujours en 1966, Denys de la Pattelière réalise « Du Rififi à Paname ». Son ami, Alphonse Boudard signe les dialogues.
Bande-annonce « DU RIFIFI À PANAME »
© 1966 Studio Canal (France)
Gloria Film Produktions (Allemagne)
Fida Cinematografica (Italie).
Avec leur aimable autorisation.
1969 : adaptation d'un grand roman : "Le Clan des Siciliens"
Bande-annonce « LE CLAN DES SICILIENS »
© 1969 Europa Films.
En 1969, quand le producteur Jacques Strauss lui achète les droits de son livre « Le Clan des Siciliens », il prépare un périple en Colombie qui va durer trois mois.
Pendant un temps, il songe à mettre en scène lui-même ses romans. Il prépare quelques synopsis et adaptations. Puis il les oublie car d’autres nouvelles histoires « à vivre » l’attendent. Il reprend « la route ».
Certains des films auxquels il a participé, sont devenus des classiques du Cinéma Français, avec une résonance internationale : « Du Rififi chez les Hommes », « Razzia sur la Chnouf », « Bob le Flambeur », « Le Clan des Siciliens »…
Neuf ans après son dernier voyage, sort le film tiré d'un roman témoignage exceptionnel de vérité : "Les Hauts Murs"
Bande-annonce « LES HAUTS MURS » – 2008
Avec l’aimable autorisation de Patrice Onfray – Septembre Productions.