1967 – Brésil
D’emblée, il aime ce pays, où il découvre le peuple le plus gentil, le moins intéressé qu’il a croisé sur ses routes d’aventures.
A Rio, le Procurar Lincoln Montero , chef de la Brigade de Invernada de Olaria, surnommée Brigade de la Mort ,l’autorise à le suivre, la nuit, dans les Favellas, où se pratique la Loi du Chien (loi de violence) : policiers et bandits se tirent dessus à vue, selon cette loi non écrite.
« Le pays était neuf. Des moeurs : un mélange de sauvagerie et de naïveté mais d’où était exclue l’hypocrisie… il fallait que des milliers de hors-la-loi, que la lie du Sud-Amérique réfugiée là, sachent qu’ils ne pourraient pas tout se permettre et que des hommes osaient les affronter, les traquer dans leur repère.
Des hommes ? Une poignée. Six. Cinq maintenant que Ramon n’était plus… »
Notes de voyage.
Sous le corcovado bénisseur, avec Lincoln Montero, commisar aux delegacies, patron du terrible Escadron de la mort de Invernada de Olaria. Il m’emmènera souvent de nuit dans les favellas
La presse mondiale imputera à son escadron plus de 700 meurtres sans jugement.
De mon expérience et de lui-même, je tirerai « Du rififi au Brésil ».
Dans les Centres Spirites , il rencontre des macumberos :
« … Cesario, O Babà du Centre Espirito de Lei Cruz, dont la stature, la voix de bronze m’évoquaient l’immortelle chanson Mississipi, et qui admirait tellement de Gaulle et la France, qu’il me faisait prêter serment sur la Marseillaise pour être certain que je me rende à ses invitations.
Babà Dona Pasqualina de l’un des Centres Espirito de IJARA, qui veut absolument veiller sur moi et pour qui l’âme humaine a peu de secrets.
Grand-Mère Catherine pour qui soulager la misère des autres est plus urgent que de s’occuper de la sienne… »
Venant de la vieille Europe, il veut voir « la Ville Neuve ». Il descend à Brasilia (inaugurée en 1960 ), reçoit un choc inhabituel pour lui : le grandiose d’une architecture. Celle d’Oscar Niemeyer (1907-2012).
« Avec douceur, presque religieusement il se courba et récupéra le caillou. Le choc avait fait éclater la boue séchée et durcie qui l’avait enveloppé et maintenant la pierre ronde montrait une blancheur insolite, laiteuse . Sous sa poitrine brune, le coeur de Felipe cogna. A lui en faire mal. Non ce ne pouvait pas … non ce n’était pas possible… jamais de cette taille… jamais dans aucun des souvenirs contés par les plus vieux garimperos… Felipe avait beau se savoir dans l’Etat de Minas Gerais où s’étaient découverts de très beaux, de très purs, de splendides diamants… »