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par Auguste
Sud Amérique

1970 – Interviews à Bogota

1970 – Interviews à Bogota
par Auguste
Sud Amérique

Il continue sa quête d’histoires, d’expériences d’hommes et de femmes hors du commun. Il interview :

– Un pionnier de Brasilia, qui avant la construction de la ville, a nourri dans une cabane de fortune, les rudes Bandeirantes descendus du Nord. Et qui faute de banque devait enterrer ses recettes…

– Un grand éleveur de taureaux, qui a reçu dans sa Finca les plus grands Toreros : Juan Belmonte, Joselito, Manolete, Dominguin, Ordonez, El Cordobes…

– Un écrivain descendant d’esclaves, qui se bat pour ses frères de couleur qui tentent de survivre dans les mines de platine du Choco.

– Une jeune étudiante en philosophie qui a poussé l’expérience de la vie communautaire jusqu’à passer un mois, nue, dans une tribu de l’Amazone, près du Rio Peneia…

– etc…

Interview d’une étudiante italienne de 21 ans.
Par A. le Breton, Bogota, 1970.

« J’AI VÉCU AVEC DES INDIENS DE LA JUNGLE BRÉSILIENNE »

AlB : Vous connaissez d’autres pays de l’Amérique du Sud ?

– Oui, je connais l’Équateur, le Pérou, le Brésil, l’Amazone. J’y ai vécu avec des indiens.

AlB : Vous étiez en Amazonie à qu’elle époque ?

– Il y a quatre mois…

AlB : Pourquoi êtes-vous partie ? Racontez ça, voulez-vous ?

– Eh bien, je voulais connaître les fleuves de l’Amazonie… Je suis allée jusqu’à Ipiranda où j’ai abandonné le bateau. Là j’ai trouvé un marchand et suis allée jusqu’à Mataura. Ensuite comme il allait faire du troc avec une tribu du côté de l’Andatura je l’ai suivi.

AlB : Qu’est-ce qu’il allait troquer là-bas ?

– Du sel et de l’huile contre des peaux de tigres…

AlB : Et la tribu, c’était dans quel pays ?

– Il n’y a pas de pays… c’était un village. Un village très grand, parce qu’il y avait comme cent cinquante indiens, alors que généralement les tribus sont de quarante à cinquante personnes.

AlB : Comment s’appellent ces indiens ?

– Ils prennent le nom d’un affluent du Rio Andatura, qui est Cuariguaves.

AlB : Vous êtes donc arrivée dans cette tribu avec l’Espagnol et son bateau ? Là il a fait son trafic ? Son troc ?

– Oui. Puis je lui ai dit : je veux rester ici. Ça me tente… Il ne voulait pas que je reste parce qu’il y a seulement un an qu’il connaissait cette tribu la plus sauvage de l’Amazonie. Ces indiens n’avaient aucun contact avec la civilisation. Il connaissaient seulement ce marchand.

AlB : Lui ne répondait pas d’eux ?

– Non, il ne savait pas comment ils pouvaient réagir.

AlB : Donc il est reparti, vous êtes restée quand même ?

– C’est ça..

AlB : Ils vivent nus, ces Indiens ?

– Totalement.

AlB : Femmes et hommes ?

– Tous… Au bout de deux jours, je me suis mise comme eux : toute nue.

AlB : On vous l’a demandé ?

– Non, je l’ai fait moi-même. Ça me dérangeait d’être avec des vêtements. Je me suis mise nue et alors j’ai fait amitié avec les enfants…

AlB : Ils ne parlent pas l’espagnol ces Indiens ?

– Non . Il y en avait un, le chef, qui parlait portugais. Les autres parlent leur langue, leur dialecte…

AlB : Donc vous pouviez vous faire comprendre du chef de la tribu ?

– Oui . Mais vous savez là-bas c’est très différents des coins dits civilisés. Parce que par exemple, la femme ne parle pas. Elle n’a pas droit à la parole, où presque pas…

AlB : Enfin ils vous ont acceptée tout de suite ou presque ?

– Non, ça il ne faut pas le dire parce que ces gens n’acceptent pas. On peut rester là-bas, on peut construire un toit mais on n’est pas accepté. Jamais.

AlB : Leur maison est commune ou bien…

– Non. Il y a des maisons avec un toit de paille jusqu’à la terre. Beaucoup de ces maisons où les indiens vivent par famille. Puis il a une grande maison où est la cuisine pour tous.

AlB : Et vous, ils vous ont donné une maison pour vivre, pour dormir ?

– J’ai dormi avec eux. Avec une famille d’indiens dans un hamac qu’ils font eux-mêmes avec des fibres et des feuilles.

AlB : Vous n’aviez pas peur ?

– Pas du tout.

AlB : Ils vous regardaient avec sympathie, avec indifférence ?

– Les anciens, les vieux me regardaient avec indifférence. Mais il n’y a pas de vrais vieux. Parce qu’ils se laissent mourir.

AlB : Comment ça ils se laissent mourir ?

– Ceux de quarante, cinquante ans, les très vieux, meurent de mort naturelle. Ils s’en vont…

AlB : Comment ils s’en vont ? Dans la forêt ?

– Oui. Pour y mourir.

AlB : Seuls ?

– Seuls. Souvent ils disparaissent sans qu’on sache bien comment. Je veux dire, on ne les voit pas s’en aller…

AlB : Les femmes montraient de la jalousie envers vous ?

– De la curiosité seulement.

AlB : Pas d’amitié ?

– Non. Tout le monde était indifférent. Leur façon d’être amis avec quelqu’un est étrange d’ailleurs. C’est difficile à expliquer… Indéfinissable…

AlB : Vous avez retenu quelques mots indiens ? Vous en avez compris quelques uns ?

– Oui, du moins je m’y suis efforcée. Par exemple j’ai compris qu’ils ne croient pas en Dieu. Leur Dieu à eux est la Lune. C’est pourquoi avant de les quitter ils m’ont fait faire un serment à la Lune.

AlB : C’était quoi ?

– Un serment à la Lune qui m’engageait à revenir les voir…

AlB : Vous voulez me raconter comment ça c’est passé ?

– Oh ! Simplement. Comme tout ce qu’ils font. Le chef de la tribu se tenait devant moi. Il m’a fait lever les deux bras en l’air et à dit à la Lune que je reviendrai.

AlB : Toute la tribu était autour de vous ?

– Oui. Et ils étaient contents. Ils souriaient. Quand ils sont heureux, leurs visages l’expriment mieux que les nôtres… Ils sont si purs…

Pour en savoir plus sur les indiens du Brésil

Survival
Les Indiens isolés du Brésil

Dossier de presse de l’exposition organisée par la Ville de Grenoble à l’occasion de l’année 2010 de la Biodiversité.
Guetteurs d’avenir, peuples d’Amazonie

Je suis un vagabond…

J’ai grandi dans l’ordure et je ne pense pas qu’on puisse descendre plus bas.
Mais j’aime les grands espaces, la propreté, sous toutes ses formes.
….
Je ne peux pas inventer mes héros, c’est de la chair et du sang.
Ils existent. Ils prennent des coups.
Ils souffrent.
Et pour décrire des gens, il faut que je les pige.
Auguste le Breton

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Merci papa, d’avoir osé et transmis.

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