1980 – Leticia, Colombie
Notes de l’auteur.
Aéroport Vazquez Cobo. Une seule piste. Avianca.
Deux fois la semaine. Douane sévère, rapport aux frontières.
Maison à un étage. Toit chaume. Chaleur humide à 99%. Lourd. Chaud.
Nuits offrent ressemblance à la Guyane sous l’humidité.
Magasins regorgent de marchandises. Beaucoup de touristes.
Rues à angles droits. Pas de feux rouges. Pêcheurs nombreux.
Le matin les gens descendent au port pour acheter poissons : d’énormes !
Leticia. Port sur l’Amazone à l’extrême sud de la Colombie. A sa gauche : 400 m (Mario : nom de la ligne de séparation. Mais c’est fictif. Le village du Brésil après Mario se nomme Tabatinca). Le Brésil. Pas de frontière. En face en traversant le fleuve immense : le Pérou. Deux hôtels Anaconda et Colonial. Cerné sur ses côtés par la selva (la jungle), le port n’a pas de route sauf une de 10 km. Ensuite c’est les Llanos (plaine herbeuse). Curieusement les gens roulent en motos Yamaha énormes ou plus petites. Ils font le tour de la ville en dix minutes, puis, toujours dans le même sens, ou presque. Les filles surtout. Colombiennes mais à majorité Brésiliennes. Gens affables, moins voleurs qu’à Bogota, moins dangereux aussi.
Pluie terrible et de durée illimitée. On n’y voit plus rien. Dîner au resto sur pilotis, durant un orage. Effrayant. Eclairs puis trombes d’eau. Impossible de regagner l’hôtel. Par contre sensation du bout du monde avec 30 m en contre-bas : le gigantesque Amazone, deviné dans le noir. Puis panne de lumière, qui arrive souvent. Quelques phares de taxi dans la nuit opaque, qui trouent les trombes d’eau. Beaucoup de taxis (petits Volkswagen) c’est bizarre mais ils travaillent en tournant à vide. Les gens les hèlent et se font conduire. Ils servent aussi pour les touristes et les jours d’avion. Rues bordées d’amandiers, de manguiers, de palmiers. Elles sont cimentées puis d’un seul coup, elles offrent de la terre et au-delà, la jungle.
Ai vu des dauphins sur l’Amazone puis sur le rio Janar, à droite après avoir quitté l’Amazone sur la gauche de Leticia. Dans le lac, un homme soudain s’est dressé et a pissé dans l’eau. Etonnant car ce sont des gens très courtois et pudiques. Une minute après, on a compris : l’urine agace les dauphins. Le nôtre a alors surgie pour faire chavirer notre barque. A deux reprises. Puis Jame, à gauche de Leticia, puis à droite Janari et le Cléto. Le port Benjamin Constant où nous avons déjeuné est sur le Janari. On y voit des boules de caoutchouc d’un gris rougeâtre qui sèchent dans la rue, laquelle donne en pente sur le rio. Pluie encore ce jour-là.
Apercevoir brusquement ce panneau d’une pirogue glissant
sur un affluant de l’amazone, m’avait fait sursauter.
Dame, le blaze du pueblo !
Là, on tombe sur la flottille des Yaguas. Trois, quatre pirogues, sans soins, à demi émergées.
Les quelques pesos qu’ils touchent des touristes pour films
et photos ont dû leur ôter leur vivacité.
« A droite, était la jungle épaisse du Pérou, à gauche,
celle du Brésil et devant et derrière de l’eau, de l’eau, de l’eau.
Et, au-dessus de tout ça un ciel plombé que rayait parfois le vol paresseux d’un vautour. »